Un rapport sexuel n’est pas terminé sous prétexte que l’homme a éjaculé : pourquoi je n’aime pas cette phrase ?
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Sachant que nous vivons dans une société patriarcale et phalo centrée (c’est à dire qui tourne autour du sacro saint pénis).
Parce que nous prenons le problème à l’envers
Avec cette phrase on maintient l’idée qu’une femme c’est forcément long à faire jouir, on normalise cette idée reçue que notre machinerie est si complexe, que nos blocages psychologiques sont tels, que c’est normal si l’orgasme met 25 ou 40 mn à débarquer ou qu’il n’arrive jamais, oh ce graal ultime. Le sous-texte de cette phrase censée nous aider, dédouane en réalité la société et les hommes qui pensent alors que le problème vient de nous si on n’y arrive pas. Ou pire, d’hommes à qui on a appris que c’était normal, qu’une femme jouisse moins. Beaucoup moins.
A moins d’être avec un éjaculateur précoce, si vous êtes avec votre partenaire depuis un moment et qu’il est fréquent qu’il éjacule après une pénétration, alors que vous, vous en êtes encore très loin, c’est pas bon signe. Il s’agit très probablement d’un conjoint assez centré sur lui-même (à cause de ce qu’on lui a mal appris), et d’un rapport sexuel très phalo-centré : est-ce si compliqué de retirer un zizi d’un vagin pendant une pénétration ? Le zizi risque-t-il la mort imminente si on alterne avec d’autres pratiques qui pourraient faciliter l’orgasme féminin ?
En réalité on peut avoir des orgasmes très rapidement. Tout aussi rapidement qu’un homme, voire plus vite. Dans les bonnes conditions (voir mes autres posts) on peut même avoir des orgasmes multiples, dès lors qu’on a compris notre fonctionnement et notre rythme. Et même sans tout ça, oubliez tous mes conseils un instant : notre corps peut avoir un orgasme sans aucune implication psychologique ou relationnelle, parce qu’un clitoris c’est si puissant que même en ne pensant à rien une bonne stimulation purement mécanique peut suffire.
Quand la pression morale compromet notre plaisir
Le problème est aussi que la société nous a longtemps poussées à normaliser nos difficultés pour accéder à l’orgasme (la frigidité serait courante et habituelle), et qu’encore récemment on diabolisait la masturbation féminine ou l’exploration de nos organes génitaux, à tout âge (encore trop de femmes ne connaissent pas leur propre fonctionnement). Nous sommes confrontées à une pression collective morale, qui nous condamne à la fois à renoncer à notre plaisir, et à la sécurité (Cf ce post Instagram). Tandis que nous, nous apprenons malgré nous très vite, tous les détails possibles autour des organes génitaux masculins, déjà à l’école on avait droit à des petits pénis gribouillés un peu partout.
Si on a un partenaire qui comprend que notre plaisir est AUSSI important que le sien, qui est suffisamment altruiste, et qu’on lui montre ce qu’on aime et comment ça marche, il n’y a aucune raison que ce soit lui qui ait l’orgasme en premier systématiquement.
Il faut normaliser au sein du couple que le plaisir et l’orgasme c’est 50-50, parce que non, les hommes n’ont pas une plus forte capacité à jouir, que nenni, ils sont juste beaucoup mieux servis, étant donné que l’essentiel d’un rapport sexuel consiste encore pour beaucoup en une pénétration discontinue.
Je ne dis pas qu’il faut viser l’orgasme systématique, non l’injonction à l’orgasme est quelque chose que je dénonce mais je dis qu’il faut viser l’équité sans laquelle un couple ne marchera pas à long terme de toute façon. Sur tous les plans.
C’est légèrement plus subtil : soit on a nos orgasmes aussi, soit personne ne les a. Si injonction il y a, c’est une injonction à l’équité, qui commence dans la chambre à coucher.
On ne parle pas d’injonction à l’orgasme, on parle d’arrêter de se foutre de notre gueule.
Quid de la période réfractaire ?
Je finirai en vous précisant que phrase que je n’aime pas oublie un détail assez important, en tout cas me concernant :
Chez une femme l’excitation sexuelle passe en partie par l’excitation qu’elle parvient à susciter chez son partenaire, si on se sent sexy et désirable, qu’on a conscience de l’effet qu’on lui fait, on prend en confiance, on lâche prise, et notre excitation gagne en intensité. Continuer un rapport lorsque son conjoint est en période réfractaire est donc possible, mais pas forcément pour toutes les femmes ni pour tous les couples.
Personnellement je ne poursuis que si l’orgasme est imminent, sinon c’est pas mon truc, car je peux me sentir observée, en décalage total, et me bloquer.
Pas une performance au plaisir, encore moins à la performance, mais une injonction au partage et à l’égalité.
Evidemment cela ne doit pas mettre la pression, il y aura toujours des rapports où l’homme sera le seul à jouir, et c’est pas grave, le sexe doit rester spontané et léger. Mais si le ratio dépasse 20%, c’est qu’une habitude a été prise, et qu’elle lèse la femme.
Encore une fois je parle de ce qui marche pour moi, j’ai toujours connu l’équité au cours de ma vie sexuelle, en ayant cette vision, et cela assure la pérennité à long terme de la vie sexuelle du couple.
Je serais ravie d’avoir vos retour par ici, si à tout hasard vous ne faites partie des lectrices qui me lisent déjà sur Instagram !
Pour celles qui tomberaient par ici par la magie du référencement google, n’hésitez pas à faire un petit tour sur le reste du blog et consulter mes autres articles ☺️
PS : ces contenus sont normatifs et sont donc logiquement valables pour les femmes qui seules avec leurs jouets et leurs mains ont des orgasmes sans problème. Evidemment qu’ils ne sont pas adaptées aux femmes qui ont un problème identifié, y compris au sein de leur propre intimité, ou aux femmes que le sexe n’intéresse pas, en tout cas aux différentes exceptions possibles.