La résilience
Je poste des textes en image sur Instagram, qui ne sont pas accessibles aux mal voyants, je poste donc les versions textes de ces posts directement sur mon blog, d’où le format court assez inhabituel sur mon blog :D
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On aime tant relever ma résilience – 3 psy différents l’ont fait, comme s’il était question d’une qualité – ce terme aujourd’hui à la mode, vulgarisé, mais dont le fonctionnement concret reste peu connu. On s’imagine qu’elle nous épargne tous ces moments, au cours d’une vie, où on voudrait parfois hurler, où on voudrait mourir, où on pourrait tout brûler.
On aime tant relever la résilience des personnes qui traversent de dures épreuves, mais qui parviennent à garder le sourire, qui parviennent à continuer à vivre. C’est rassurant une personne résiliente, elle nous épargne l’inconfort, nous n’avons pas besoin d’affronter sa peine, sa souffrance, on sait qu’elle saura rebondir. Alors on la laisse rebondir. Sans savoir que le processus ne se fait pas sans conséquences.
On voit la résilience comme du courage, comme une capacité à affronter ce qu’on pense impossible à affronter, et à se relever.
« A sa place je ne pourrais jamais, lui, il est si résilient ».
Cette phrase ne veut rien dire. Est-elle censée être réconfortante à entendre ?
Tu ne pourras jamais, jusqu’à ce que ça arrive.
S’entendre dire cette phrase à longueur de temps, nous fait en réalité sortir du monde des vivants. Parce que cette résilience, elle est plus complexe qu’elle n’y parait, et elle a prix, plus tu en uses, et plus tu te décales des autres. Elle reste une peau de chagrin.
« Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort ». Il y a deux façons de lire cette phrase, il n’y a pourtant qu’une seule façon de la comprendre. Si la société a préféré retenir la définition bête et méchante de la « force », celle qu’on attribue à la virilité, au déni, à l’efficacité, on peut se douter que la version de Nietzsche est toute autre.
Une partie de sa philosophie repose sur l’idée que « le surhomme est en effet celui qui assume son chaos intérieur et qui s’en rend le maître mais sans essayer de le refouler. »
Parce que, qu’est-ce que la force ? L’essentiel dans cette phrase, ne réside-t-il pas dans les mots « me rend » ? N’est-il pas question de passer d’un état à un autre, d’évoluer, de devenir ?
La force ne réside-t-elle pas dans l’élévation de soi-même, dans le développement de son esprit, dans la quête de sagesse et de sérénité quel que soit le chaos qui nous entoure ?
On peut alors sortir un peu plus fort d’une épreuve, de deux épreuves, de six, mais ce qu’on y gagne, c’est surtout une lecture du monde qui change, on gagne en maturité, en clairvoyance. Et en blessures qu’on saura panser, mais dont les cicatrices subsisteront. Seulement, un coeur qui a été trop réparé peut lâcher un peu plus vite.
Donc on en sort grandi d’un point de vue humain, métaphysique si je puis dire, mais on peut en mourrir un peu plus vite aussi. Peut-être même que ceux qui décident d’en finir n’ont jamais été aussi clairvoyants qu’au moment de le décider. Qui sait.
Mais vous imaginez, oser évoquer la mort comme espoir ? Etre ou ne pas être. Accepter que la solution puisse être la fin, demande il est vrai, beaucoup de résilience.
Je m’égare.
Ainsi face aux épreuves, on devient un être différent à l’être qu’on était. C’est alors logique qu’en usant de sa résilience plus que les autres on s’en éloigne, comme si, de la même façon qu’on doit connaitre la même langue pour se parler, on doit connaitre le même monde, pour se comprendre.