Influenceurs : cessons de généraliser et prenons un peu de recul
Vous savez, moi en tant que blogueuse, ça ne m’arrange pas vraiment que le terme « influenceur » ait vu le jour, car il regroupe tous les gens ayant une présence sur Internet, quand avant on avait quand même une distinction claire entre un blogueur, un instagrameur, un youtubeur. J’aimais être une blogueuse. Juste une blogueuse. Tout simplement parce qu’au sens premier du terme un blogueur c’est quelqu’un qui écrit régulièrement sur un site Internet et que moi ce qui me pousse à tenir un blog est clairement mon amour pour l’écriture, cette activité répond en partie à ce que j’appelle ma vocation, la photographie n’est venue que plus tard. J’aurais pu être journaliste, une partie de ma formation me le permet, j’ai eu de bons profs, et je sais écrire des articles d’une qualité pouvant répondre aux critères de certaines rédactions (je voulais potentiellement bosser pour certains magazines féminins/société fut un temps). Mais je ne veux pas être journaliste, j’ai crée mon support pour m’exprimer sur ce que je veux, sans respecter une ligne éditoriale définie par quelqu’un d’autre. J’ai beaucoup de respect pour la plupart des journalistes, et s’ils sont réputés pour ne pas aimer les blogueurs pour certaines raisons, notamment parce que ces derniers seraient trop amateurs, personnellement je ne me sens pas concernée par ces attaques.
Vous connaissez mon rapport avec les étiquettes et cette manie que nous avons à généraliser les choses. Un certain nombre de blogueurs ont contribué à salir le statut de blogueur. Soit. Et alors ? Pas mal de journalistes contribuent à faire perdre ses lettres de noblesse au journalisme non ? Est-ce que je prends pour exemple les journalistes qui finissent dans des émissions comme « Touche pas à mon poste » pour tirer un jugement général sur toute la profession ? Non. Est-ce que je prends ces journalistes devenus putes à clics en exemple pour dénigrer tous les autres journalistes ? Non.
Est-ce que je dispose d’un esprit critique, d’une capacité à me faire mon propre jugement, en fonction du contexte, sans tomber dans un discours général ? Et bien oui et c’est là que je veux mettre le doigt aujourd’hui.
Pour certaines choses Internet n’est que le reflet exacerbé de la vie réelle. Si le terme influenceur a été inventé récemment, et qu’il a fini par devenir presque péjoratif, c’est pourtant un concept qui existe depuis toujours. Et qui se trouve dénigré un peu à tort, au détriment de ceux qui n’ont rien à se reprocher.
Les influenceurs ne datent pas d’hier
Ce n’est pas récent qu’un acteur, qu’un chanteur, qu’un footballeur soit égérie d’une marque, porte les vêtements qu’elle lui offre, et touche une somme d’argent pour cette collaboration. Ils sont devenus célèbres pour une raison, et c’est cette notoriété qui leur permet de représenter des marques qui dans tout les cas ont pour unique objectif de générer des actes d’achat. Mais c’est quelque chose de si répandu aujourd’hui que cela semble normal pour tout le monde, on sait comment ça marche, et d’ailleurs on sait faire la part des choses : certaines célébrités sont éthiques, d’autres le sont moins. Certaines sont dignes de confiance, d’autres absolument pas. Pour la bonne raison qu’elles ont chacune leur personnalité, et que c’est à nous consommateurs, fans, de faire la part des choses.
Le phénomène du « bouche-à-oreilles » ne date pas d’hier, et le fait d’être influencé par des gens non plus, depuis que je suis jeune on me demande régulièrement où j’achète mes vêtements, à l’inverse je demande parfois à des inconnues où elles ont trouvé leurs chaussures, on choisit un coiffeur parce qu’il a été testé par une amie… Je pense vraiment que des personnes sont par nature une source d’inspiration pour les autres.
J’irai plus loin, nous avons tous une capacité d’influence, qui ne concerne pas uniquement nos modes de consommation. Nous avons tous notre vie, notre propre vision du monde, des idées qui nous sont propres, combien de célébrités admirons nous pour leur vision ? Nous font réfléchir ? Ce n’est pas la majorité certes mais elles restent nombreuses, il y a quand même un monde entre des Emma Watson et des Kim Kardashian. Entre des Angelina Jolie qui s’expriment (et donc influencent) sur la condition de la femme, sur la faim dans le monde, sur le cancer du sein, et des Kylie Jenner qui s’expriment (et mentent) sur des crèmes pour faire gonfler le cul.
Et les it girls ? Vous savez, ces « fille de », avec une situation très aisée, qui enchainent les défilés et finissent par devenir célèbres. Parce qu’elles s’habillent bien et font partie d’une sphère qui fait rêver.
Ce qui change, et ce que je trouve positif car moins élitiste, c’est qu’on n’a pas besoin de s’appeler Alexa Chung pour devenir célèbre sans savoir jouer, chanter, ou taper dans un ballon. Ce qui est arrivé, c’est qu’avec les nouveaux moyens de communication des filles « normales » ont pu accéder à ce statut. Grâce à un sens spécifique du style, une personnalité, un humour, un discours, etc.. Pourquoi pas, et bien oui pourquoi pas ? Pourquoi est-ce qu’une actrice, qu’elle soit bonne ou mauvaise aurait plus de légitimité pour promouvoir une marque de chaussures qu’une fille comme vous et moi ?
Ce que je trouve le plus dérangeant c’est qu’avec l’engouement malsain autour de la télé réalité, des filles qui ne devraient avoir de l’influence sur personne (pour la santé de l’humanité), des personnes qui ont pour seul objectif la notoriété, coute que coute, sont propulsées en 4 mois au statut de célébrité, et qu’aujourd’hui elles ne répandent plus leur venin uniquement sur un plateau TV mais aussi sur Instagram, et c’est là le problème.
On a été éduquées de nombreuses années à se méfier de la publicité, des placements produits à la télévision, à prendre de la distance avec le discours « marketing » médiatique ou encore les images retouchées à outrance des magasines féminins.
Instagram c’est tout récent, donc c’est cette éducation qui nous manque. On choisit qui on veut suivre après tout, si on en revient aux influenceurs sur Instagram, oui on a des panneaux publicitaires en veux-tu en voilà. Même des panneaux publicitaires qui veulent nous faire croire qu’ils sont éthiques malgré tout. Mais il y a le reste, il y a de vraies voix, à qui on peut faire confiance, sans prendre pour argent comptant tout ce qu’elles disent, on peut se fier à elle dans une certaine mesure.
Alors voilà, maintenant, on peut exercer de l’influence alors qu’on était inconnus au bataillon il y a deux ans, et surtout l’accès à la notoriété se fait d’une multitude de façons.
Donc ce qu’on appelle aujourd’hui le marketing d’influence existe depuis toujours, à la différence qu’il s’est amplifié grâce aux réseaux sociaux, et s’est donc démocratisé. Et à la différence qu’aujourd’hui les gens « lambda » prennent conscience des ficelles qui les tiennent depuis qu’ils sont en âge de regarder la télé, lire un magasine, écouter Oprah. Avec les années nous sommes tous beaucoup moins crédules concernant les médias de masse. Donc aujourd’hui concernant le nouveau média qu’est Instagram il est surtout question d’aller dans cette direction : une fille « normale » devenue influenceuse peut aussi être refaite de partout, et essayer de nous vendre du vent. Il faut surtout recourir à son libre arbitre, et être en capacité de prendre du RECUL.
Donc qu’on arrête de taper sur LES influenceurs, en les mettant tous dans le même sac, j’ai la sensation de devoir me défendre quand on me qualifie d’influenceuse comme si les mauvaises pratiques des uns salissait tous les autres. Oui il existe beaucoup d’influenceurs qui ne sont pas dignes de confiance, donc le tout est d’apprendre à lire vraiment les gens, à boycotter ceux qui nous prennent pour des jambons et cessons ces débats mi envieux, mi stériles, mi tarés sur ce qu’on appelle des « influenceurs ». Et n’oublions que c’est un terme « MARKETING », mais que l’influence ne date pas hier.
Pour aller plus loin, on peut prendre pour exemple les acteurs. Les médecins. TOUTES LES PROFESSIONS en somme. Dans tous les domaines on a des gens talentueux et éthiques et on a des brêles sans valeurs, des gens talentueux sans valeurs, etc., c’est comme ça. Mais parfois j’ai l’impression que les gens s’entêtent à alimenter ces polémiques stupides comme si elles découvraient seulement maintenant comment le monde fonctionne !
Voilà voilà, des bisous et plein de bonnes ondes les loulous. J’avais écrit cet article il y a un moment, et en le relisant j’ai trouvé bête de ne pas le publier, la peur d’être attendue au tournant est revenue après ces mois au ralenti, et je suis dans une période où j’ai l’impression d’avoir des choses à dire sans savoir pour autant les communiquer avec les bons mots. Quand je vous disais que la confiance n’était jamais acquise mais qu’elle nécessitait une attention permanente ! :D
Picsaile
Merci pour ton retour d’expérience et ton analyse.
S’il y a bien un blog que je lis quand il y a des notes sur Insta, c’est le tien. Je trouve ton style facile à lire, les choses sont dites clairement et sans tourner autour du pot. Tu te distingues sûrement par ton humour et c’est ce qui me plaît quand je lis des articles lifestyle et humeur.
Dommage que tu n’aies pas pu/voulu continuer dans le journalisme, j’aurais eu plaisir à te lire dans un Cosmo. Mais comme tu dis, être blogueur c’est différent et puis finalement en tant que lectrice je m’y retrouve aussi.
Sur ce, je te laisse une faute qui traînait et retourne bosser.
« comme si les mauvaises pratiques des uns salissait tous les autres »
dollyjessy
Merci c’est gentil ! Pas sure que j’ai fait passer exactement le message que je voulais mais l’essentiel y est, ça me fait super plaisir de lire ton commentaire en tout cas, surtout en ce moment où j’essaye d’écrire aussi souvent qu’avant voire plus ! Je vais corriger cette faute ;)
Karen
Quelle jolie plume et quel bel article. Je ne suis pas influenceuse donc je donne mon avis de personne lambda et te rejoint sur cet amalgame de notion d’influenceur. La mode, ce concept même de se suivre à partir de la création d’une seule et unique personne. Pourquoi parlerait-on plutôt de créateur que d’influenceur? Ce terme a parfois, dans la bouche de certains, une connotation péjorative alors que c’est tout simplement ce qui est fait depuis des lustres. J’ai vu mes vêtements en ligne dressés sur un mannequin en me disant que ça lui allait bien et peut-être que ça m’irait bien aussi. J’ai été influencée mais je l’ai choisi. Sauf que ce mannequin, ne m’a pas laissé passer un message dans lequel faire du booty shake sur ton Insta c’est cool, se faire refaire le cul c’est génial et que se prendre en photo à 4 pattes en petit-déjeunant c’est tendance.
Alors influenceuses oui, mais le relais d’opinion pratiqué par des connasses qui ne se rendent pas compte de leur influence sur la jeunesse, non.
Bravo pour ton article!
dollyjessy
Merci beaucoup pour ton commentaire, c’est justement les avis de personnes qui ne le sont pas qui m’intéressent le plus, et ta dernière phrase résume bien une partie de ce que j’en pense ! A très vite Karen
S.littlebirds
Amen !
Etant instagrameuse et en vivant depuis deux ans à temps pleins maintenant, il n’y a rien de pire que d’avoir la sensation d’être jugée pour les actes des autres. Ce terme influenceur est tellement négatif qui plus est, qu’il n’aide pas non plus je trouve.
Julie
Hello!
Je suis arrivée ici pour une toute autre raison et par curiosité, je suis venue à lire ton post. C’est trop tôt pour te dire que je t’aime?
Plus sérieusement, je suis amplement d’accord avec toi. Pendant un bout de temps cet amalgame m’a gonflé… Et puis, j’ai vu ça comme une opportunité. Non, mon cul restera un taille 40 et s’il devient plus gros c’est à cause de la gourmandise! Je me suis demandée comment je pouvais offrir une offre différente de ce qui se fait « partout » et en bonus améliorer mes conditions de travail pour qu’elles soient plus en adéquation avec mes valeurs. (Parce qu’il faut dire qu’en quelques années, dans mon domaine, certains potentiels partenaires oublient la politesse et le respect…) Et de ce côté là, je pense que les blogueuses peuvent faire changer un peu les choses. ;)
Je file lire d’autres posts de ton blog!