Mood

La nécessité de savoir prioriser.

Il m’arrive régulièrement de parler avec des gens qui passent par une période difficile, qu’il s’agisse de ma famille, mes proches, parfois moi-même, force est de constater que nous ne savons pas revoir nos priorités quand cela est vraiment nécessaire. Quand ça ne va pas, nous n’avons pas la même énergie, nous avons besoin de temps pour nous recentrer sur nous, pour autant, il est impossible de mettre de côté toute sa vie, nous avons tous des obligations, nous devons tous gagner de l’argent, et à moins d’être en incapacité totale de travailler, et bien nous ne pouvons pas décider de tout laisser en plan. Seulement, nous continuons dans ces moments à faire des choses dont on pourrait se passer, ou qui révèlent de responsabilités que nous pouvons mettre de côté. Je parle de toutes ces petites choses qui finalement ne nous apportent rien ou peuvent être sacrifiées, ou pire des choses qui nous rendent encore plus mal, mais souvent nous sommes tellement pris par la vie, par nos problèmes, qu’on ne parvient plus à prendre de recul et qu’on ne réalise même pas que les choix à faire sont parfois évidents, alors on prend une mauvaise décision en décidant de les continuer. Pour de mauvaises raisons.

Par exemple quand j’étais consultante web à temps plein, j’avais tendance à accepter des projets que je n’aurais pas dû accepter. J’avais déjà des projets me permettant de gagner assez d’argent dans l’absolu, mais on ne sait jamais de quoi demain sera fait quand on est à son compte, donc j’acceptais des projets qui ne me plaisaient pas, qui ne rapportaient pourtant pas grand chose, ou qui finalement m’apportaient un lot d’emmerdes qui ne faisaient que parasiter mon état d’esprit, je savais que j’avais besoin de repos mais je les assumais malgré tout. Au final l’argent que cela pouvait m’apporter finissait par payer mes commandes de repas quand j’étais trop fatiguée pour cuisiner, me faisait faire des courses en lignes pour gagner du temps alors que les courses en ligne me reviennent plus cher que d’aller faire mes courses dans certains magasins qui ne livrent pas, des séances d’ostéo ou des massages quand les tensions deviennent trop douloureuses,…

Le pire est quand on s’est engagés, je ne supportais pas lâcher les gens, donc même quand un engagement que j’avais pris, commençait à me prendre trop de temps et d’énergie, alors que je n’étais pas indispensable, je n’osais pas décider d’en parler pour trouver une solution pourtant simple à trouver. Je prenais mon mal en patience jusqu’à saturer quand je délaissais mes projets importants ou tout ce que j’aimais vraiment faire. Le temps où je travaillais en entreprise avec un emploi du temps de folie, je n’allais même plus au cinéma, je ne me posais plus dans un parc en ne faisant rien, ou à une terrasse pour lire un magazine, toutes ces petites choses qui paraissent insignifiantes mais qui me permettaient pourtant de garder la tête hors de l’eau quand ma vie devenait hors de contrôle. Aujourd’hui je fais un peu de méditation à ma façon, je prends parfois 10 minutes allongée pour me concentrer sur ma respiration, accepter mes pensées sans les juger, trouver une sorte de sérénité, et finalement c’est de ça dont il s’agit. On ne peut pas forcément agir sur ses problèmes et les aléas de la vie, on peut seulement agir sur la façon de les accepter, les gérer, sur la façon de vivre AVEC. Etre toujours en mouvement ne permet pas de prendre du recul sur sa vie. Et on subit, on subit, on subit, pour arriver à un état difficilement supportable. Si on parle tant de « burn-out » ces dernières années, ce n’est pas forcément parce qu’on croule tous sous le travail, je pense que c’est aussi parce qu’on ne sait pas prioriser.

Il suffit de voir, combien de personnes doivent prendre des rendez-vous médicaux mais les mettent au dernier plan parce qu’elles n’envisagent pas de prendre un congé pour ça ou de se porter malade une matinée. Une simple carie non soignée à temps finit par une dévitalisation de la dent, par la pose d’une couronne et par la même par une dépense non prévue. Alors on travaille encore plus parce que maintenant qu’on a fait le con, il faut la payer sa couronne, sinon il va falloir mettre un implant qui va coûter encore plus cher.

Quand on débute sa vie active c’est d’autant plus flagrant : on occupe des postes qui ne déterminent pas l’avenir de l’entreprise, pourtant dans notre quête de faire nos preuves et face à la pression qu’on ressent on va prendre son mal en patience, pour RIEN.

Dans mon cas je finis par avoir mal partout, à avoir des difficultés à manger, à somatiser et à atteindre un point de non retour qui fait que je n’arrive plus à rien faire pendant plusieurs semaines.

Oublions un peu le travail, enfin en partie, quand j’étais salariée j’avais un proche mourant. Tout était une question de mois, mais je travaillais donc j’allais le voir parfois le soir quand je rentrais avant 22h, le week-end, mais j’avais toujours cette frustration de ne pas pouvoir faire plus. Sur le coup je pensais ne pas avoir d’autre choix que d’aller faire ce travail que j’étais persuadée de ne pas pouvoir perdre. Alors qu’un congé sans solde ne m’aurait pas fait perdre ce job, et quand bien même je l’aurais perdu, ET ALORS ? Je n’avais pas de gosses, pas de crédit immobilier, toute la vie devant moi pour mettre de l’argent de côté, je ne risquais RIEN.

Quand cette personne est partie, les regrets étaient immenses, viraient à l’obsession. Si seulement j’avais. Pourquoi je n’ai pas profité davantage du temps où elle était là, pourquoi avais-je vécu avec une culpabilité permanente pendant qu’elle était encore là. SI SEULEMENT J’AVAIS SU PRIORISER. Si seulement j’avais enlevé mes oeillères et tout remis en perspective.

Autre cas de figure, quelqu’un en dépression sévère peut clairement sauver sa vie à long terme en revoyant ses priorités à court terme, alors pourquoi s’acharner à faire des choses qui pourront nous faire dire, une fois perdus, « si seulement j’avais vu ». Car bien souvent on ne voit pas, on ne regarde pas vraiment.

Parce qu’on ne sait pas être heureux, on sait être efficace, avoir des objectifs, s’enfoncer tête baissée dans un parcours convenu d’avance, pour répondre à des critères qu’on pense être les nôtre mais qui n’ont pourtant pas été définis par nous.

Alors il faut bien faire la part des choses entre une priorisation nécessaire, et ce qui peut devenir une forme de procrastination et de flemme aiguë. L’extrême étant de devenir un hermite qui regarde des films et lit toute la journée, parce qu’on a décidé qu’on était plus heureux comme ça ahaha.

On nous dit toujours de sortir de notre zone de confort, je vous le dis souvent, je le pense, et c’est très important, et je tiens à préciser que je ne parle pas dans cet article d’une recherche de confort absolu.

Etre serein et bien dans ses baskets ne revient pas à s’enfermer dans un cocoon.

Et dans mon cas j’ai déjà connu ça, mais parce que je n’avais pas su prioriser pendant si longtemps, que j’ai fini par avoir besoin d’un bon gros nuage et de ne plus ressentir trop de contrariétés.

Tout ça pour dire, qu’il est plus que nécessaire de vous écouter vraiment, et si les choses sont trop floues, cela veut dire que vous avez besoin de prendre du recul, donc faites le nécessaire pour faire des sacrifices, qui je vous l’assure au final n’en seront pas. Un sacrifice revient à oublier quelque chose qui nous tient à coeur, pas quelque chose qui nous tient à … ah ben tiens, je ne sais pas… à rien dans notre quête de « bonheur » ?

Voilà voilà, j’étais en terrasse au soleil hier après-midi, j’avais envie d’écrire à ce sujet depuis un moment, 30 minutes voilà ce que ça donne, je pense que j’aurais pu mieux l’aborder mais pour redevenir régulière par ici il faut surtout que j’arrête de me mettre une pression ^^

Des bisous.

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14 Comments

  1. Elodie

    J’ai beaucoup aimé cet article qui fait vraiment beaucoup écho à ma situation actuelle… Merci beaucoup ! Et perso je le trouve parfait comme ça, rien à changer ;-)

    1. dollyjessy

      C’est gentil, je suis contente que ça te parle en tout cas. A bientôt j’espère Elodie ;)

  2. Laura

    Tu a tellement raison … super article !

  3. Sarah

    J’adore ! En te lisant, j’ai l’impression d’entendre ta voix dans ton style oralisé ! Je pense que cette priorisation est souvent accompagnée d’une remise en question (dont il faut, là encore, savoir faire usage sans plonger dans un cercle vicieux … ^^) Tu cibles bien le problème je trouve, et j’aime beaucoup !!

    1. dollyjessy

      Je suis ravie que ça te plaise Sarah, merci beaucoup pour ton commentaire, à très vite !

  4. Aurore

    Merci pour cet article Jessica, cela me rappelle également une vidéo d’Esther, il y a peu sur comment trouver le temps ? Cela m’avait également aider à prioriser ce qui me rend vraiment heureuse

    1. dollyjessy

      Merci à toi pour ton commentaire, je ne connaissais pas cette vidéo mais je la chercherai quand j’aurai besoin d’une piqure de rappel alors ^^

  5. Fox and Fire

    Très bel article, je comprends bien ce que tu veux dire. Mais il parait des fois tellement plus dur de dire non que d’essayer de s’arranger avec son emploi du temps.

    Mais je dis bien « parait ». J’aime bien ta façon de faire pour te relaxer

    1. dollyjessy

      Merci, contente qu’il te plaise. Ah oui personne n’a dit que c’était facile ^^ A bientôt j’espère !

  6. Adalyne

    C’est bien d’avoir des piqûres de rappel comme celles-ci ! C’est vrai que le tourbillon de la vie est parfois tellement fort, et on nous dicte tellement un comportement à avoir qu’on en oublie l’essentiel. Il faudrait en avoir plus souvent! ^^ Merci!

  7. Gaëlle

    Je suis tellement heureuse de ne pas avoir réussi à dormir ce soir, d’avoir tapé sur Google « peur du téléphone », d’être tombée sur ton article, de l’avoir aimé au point de jeter un œil au blog, d’avoir lu un puis deux autres articles.
    Et là, je me dis deux choses. La 1ere: Wow, il y a encore des gens qui bloguent vraiment. Je n’avais pas lu un blog -un vrai- depuis que j’ai moi-même arrêté d’en tenir un…depuis 7-8 ans en gros. La 2nde: Wow, ça faisait des années que je n’avais pas autant apprécié une personne qui partage des choses sur internet, que je n’avais pas senti ce super bon feeling.
    C’est chouette.

  8. cristellina

    J’étais justement en train de me dire, ces derniers jours, qu’il y avait bien longtemps que je ne t’avais pas lu. Comme toujours, tes écrits reflètent à merveille la vraie vie et les préoccupations de chacun.
    Je retiens ton astuce des 10 minutes de relaxation et je n’hésiterai pas à la tester.

  9. Laurette fléchette

    J’ai adoré ton billet ! Il me fait complètement écho à moi qui en arrive à aller au boulot en rampant, la boule au ventre et le cœur en miette… il m’epuise (Me puise) tellement que je n’ai la force de ne rien faire d’autre. Le blog prends des allures de no man’s land, la lecture j’en parle même pas, mes enfants …. bref tout passe après quand j’ai de l’énergie et la force de m’en occuper. C’est à dire presque jamais quoi ! Le recul dont tu parles est vital, aujourd’hui j’ai enclenché les choses pour que ça changent, je croise les doigts pour pour fonctionne ! Merci de ta pertinence ! Toujours ! J’espère que maintenant que tu sais, tes ennuis de santé vont devenir ta priorité ! Il y a t-il des choses qui peuvent peuvent te soulager ?

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