Mood

Dis Papa, peut-on vraiment être une bonne personne ?

Petit aparté avant l’article : Vendredi (12 mai) j’anime 2 ateliers DIY au tout premier Pop up Store Instax (Fujifilm) rue Saint-Roch à Paris, un à 14h30 et un autre à 16h30, et vous pouvez vous y inscrire en avant-première en m’envoyant un petit mail à ContactATdollyjessy.com ou par message privé sur Insta ou Facebook. Vous pourrez faire plein de polas et customiser un joli carnet pour les ranger ou les offrir, il y a 10 places par atelier donc contactez-moi avant demain soir ! Toujours un plaisir de vous rencontrer <3

Quand j’étais petite, jusqu’à assez tard, j’étais croyante, je croyais en dieu et en sa capacité à nous observer, je croyais au paradis et à l’enfer. Je croyais que si on se comportait mal, on le payerait plus tard.

Dès l’enfance j’ai essayé d’être ce qu’on appelle une « bonne personne », je n’ai même jamais triché à un jeu, qui n’a jamais triché à un jeu franchement ? Un jour je me suis demandée si je ne me comportais pas de cette façon par peur de représailles, après tout la religion, maintenant que je m’en suis détachée, je la vois notamment comme un ensemble de textes avec lesquels on peu contrôler d’une certaine façon les gens. Avec un Dieu dans les parages, on est plus enclins à respecter des règles, on est plus dociles surtout face à ses « représentants » auto-proclamés, on trouve des explications aux drames, ou en tout cas la foi d’avancer malgré eux. J’ai des proches qui se sont mis à la prière après une perte par exemple, c’est une forme de résilience. C’est peut-être extrême mais pourtant révélateur, le recrutement de terroristes se base sur ce principe d’autorité : on fait croire aux jeunes qu’ils serviront Dieu en agissant ainsi, qu’ils ont la validation de celui qui peut décider de leur sort après la mort, et on leur fait faire finalement tout le contraire de ce que la religion prône en réalité. Tout ça pour dire qu’on peut utiliser les textes les plus beaux et les plus sacrées à des fins totalement opposées. La religion n’est pas le problème en soi, je ne me suis jamais retournée contre elle, je lui trouve beaucoup de côtés positifs, le problème est son instrumentalisation. Le problème c’est l’homme et ce qu’il en fait.

Qu’il s’agisse d’une croyance en Dieu, au Karma, ou à toute autre forme de « destinée », je me demande si nous agirions tous comme nous le faisons, si nous ne commettrions pas plus de « pêchés » si nous avions la certitude de n’être jugé par personne et encore moins condamné. S’il n’y avait pas d’amendes pour excès de vitesse ne serions nous tous pas des fous du volants ? Notre morale individuelle suffirait-elle à remplacer des règles établies ? Evidemment je ne me le demande pas, je le sais.

Rousseau écrivait grosso merdo que dans un monde « sauvage », sans règles, nous serions finalement moins libres que dans un monde soumis à des lois. Oui cet article enfonce clairement des portes ouvertes, mais je n’ai jamais prétendu tenir un blog à visée philosophique ou intellectuelle, plutôt un blog qui aborde simplement des sujets qui pourraient être abordés avec beaucoup plus de complexité et de réflexion, mais si je voulais faire des dissertes ou ma la jouer littéraire ce ne serait pas ici. Bref, revenons à nos moutons, si le taux de criminalité diminue avec le temps (contrairement aux apparences véhiculées par la surmédiatisation), si le nombre de morts sur les routes a considérablement baissé, bref, si le monde va mieux dans une certaine mesure, c’est parce qu’il est encadré. A l’état sauvage, la loi du plus fort est la seule en vigueur, la liberté des uns, entraverait clairement la liberté des autres, alors que dans un monde « libre », reprenons une des expressions les plus célèbres des lumières : « la liberté des uns s’arrête ou commence celle des autres », reformulée dans la constitution des droits de l’Homme et du Citoyen.

A ne surtout pas confondre avec un monde façon communiste où tout doit être parfaitement encadré pour offrir une égalité parfaite utopique entre les membres d’une société, vous connaissez mon créneau, surtout pas de manichéisme par ici. Ce n’est pas le chaos versus une dictature, et encore moins vouloir éviter que les uns dominent les autres sous couvert d’un despote qui agite les ficelles pour tous en simulant une protection de notre liberté.

Je ne pense pas l’Homme puisse être bon uniquement par nature en société, les gens qui essayent vraiment d’être de bonnes personnes sont rares, donc il est évident qu’un système qui repose sur la confiance ne fonctionnerait jamais à long terme, aussi malheureux que cela puisse être.

J’ai vite répondu à ma question de savoir si je me comportais « bien » par peur d’une punition divine ou cosmique, et bien non, parce qu’en parallèle de cette morale que j’ai développée en grande partie grâce à ma grand-mère, je l’associe davantage a une éthique qu’à un respect des règles. Parce que je fais une nette distinction entre la moralité et la légalité. Quand je trouve que les lois sont cons, je ne les respecte pas, qu’on m’impose de rouler à 90 sur une route déserte remplie de radars avec la voiture que j’ai et ma conduite me gonfle sérieusement, je fraude le métro en permanence en achetant des tickets enfants, si je pouvais voler dans les grands magasins que possèdent des gens sans scrupules, sans prendre le risque de me faire attraper, je le ferais j’en suis sure !

Heureusement que j’ai peur sinon Zara et compagnie perdraient du chiffre d’affaire je vous le dis.

Et comme je vous le disais dans un article coup de gueule sur mon Karma de merde, si je devais penser qu’on paye nos mauvaises actions, et qu’on est récompensé pour les bonnes, je me poserais beaucoup de questions sur ce que je fais dans mon sommeil ou dans mes vies antérieures pour avoir autant de poisse.

Mais ce n’est pas que ça, les pires représailles que je peux subir sont celles que je peux m’infliger à moi-même, je pense que ce qui m’empêche parfois de mal agir est simplement ma culpabilité. Celle qui peut m’empêcher de fermer l’oeil, celle qui peut m’obséder et me faire ressasser encore et encore, en m’empêchant même de me concentrer sur autre chose. Même quand je ne fais rien de mal je peux culpabiliser plus que de raison, d’ailleurs cette dernière année j’ai travaillé dessus, pour arrêter de me flageller et accepter que je ne peux pas être là pour tout le monde par exemple.

Apprendre à être un peu plus égoïste c’est aussi changer son rapport à la culpabilité, j’y travaille j’y travaille ^^ Peut-être qu’un jour serai une vraie connasse, et que j’aimerais ça.

Peut-être que je n’ai jamais été une bonne personne. Peut-être que vous non plus.

AHAHA.

Voilà voilà, je me fais un peu violence pour publier autant d’articles humeur qu’avant, celui-ci était en brouillon et bien le voilà maintenant publié ^^

Plein de bisous, merci pour vos retours sur mes derniers article, PEACE LOVE mes petits coeurs de belette.

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9 Comments

  1. Aïda

    Cela devient une habitude, je viens toujours commenter quand je vois des mots qui me touchent, que j’aurai pu écrire moi même…
    Je suis de ces gens qui croient énormément, j’ai une foi quasi inébranlable en Dieu, et même si je ne me détermine plus vraiment comme étant d’une confession mais juste croyante, j’ai un regard très humaniste sur la façon d’agir en communauté, dans la vie de tous les jours, en oubliant parfois les préceptes religieux ou légaux…
    Être de ces gens qui veulent être bons, quitte à être les seuls dans une société entière, ce n’est pas simple, j’en pâti au quotidien… mais cela ne signifie pas qu’il faut envier les connasses qui adorent être des connasses. Je vois beaucoup d’avantage à être humaniste et croyante, de toujours chercher à être bonne et gentille. Je peux aider ceux qui n’arrivent pas à croire. Je peux être forte à leur place le temps qu’eux même le soit. Je peux supporter mieux les maux de la vie car j’ai foi en Dieu, en l’humanité et en un meilleur demain…
    Le titre de ton article m’a tout de suite attiré car je suis une fille très proche de son papa, et c’est une question que je lui pose régulièrement. Dans les moments de doute. Il est bien plus tempéré que moi, donne beaucoup moins de lui même à ceux qui l’entourent, et est parfois pessimiste quand à l’humanité… mais il me rappelle toujours que ce n’est jamais un tord que de vouloir être une bonne personne et que c’est possible… Il faut juste y croire.
    Je te souhaite donc de ne jamais être une connasse qui adore l’être, car comme tu le dis, les gens qui veulent être bons ce font rares. Il faudrait pas priver le monde d’une d’entre eux.
    Avec toute mon admiration, bises Aïda

    1. Marine

      Wouah, cela fait plaisir de lire des messages comme les tiens Aïda !
      Je t’admire d’exprimer aussi ouvertement ta foi en Dieu, je trouve ça très courageux :-)

      1. dollyjessy

        Oh mais je ne dis pas que je crois en Dieu, j’y croyais petite :)

        1. Aïda

          My bad alors, j’ai mal lu,
          Mais après, on peut croire en beaucoup d’autres choses que le divin :) on peut croire en l’amour, l’humain, la vérité etcetera … ce qui compte c’est que cela nous pousse à faire le bien (dans une version moins manichéenne, le meilleur)

  2. Jack

    Ca me rappelle une citation que j’ai vue il y a déjà longtemps et qui disait à peu près ceci : « Dieu a fait l’homme à son image et l’homme lui a bien rendu ».

    De tous temps, on a surtout utilisé la religion comme prétexte : en fonction de ce qu’on est, on cherche dans la religion ce qui justifiera ce qu’on est et ce qui légitimera ce qu’on fait.

    Les bonnes ou mauvaises actions, je crois que ça dépend de ce qu’on est et de l’éducation qu’on a reçue.

  3. Marine

    Hello Jessica,

    Je ne peux m’empêcher de réagir en lisant ton article qui me parle beaucoup, en particulier le début sur la religion :)
    Tout comme toi, je me pose beaucoup cette question, et je culpabilise beaucoup en me disant que non, décidément, je ne suis pas une bonne personne, parce que je me sens très égoïste parfois, que je ne peux/veux pas aider tout le monde.

    Et c’est aussi lié à la religion catholique. Petite également, j’ai longtemps cru que la religion était aussi là pour nous cadrer et nous dicter la « bonne » conduite à adopter dans la vie (cf. les dix commandements par exemple). Et si on ne respectait pas ce code, on allait en enfer (grosso modo). Les adultes ont probablement le tort de vouloir simplifier les choses pour que le message passe auprès des enfants, genre binariser les choses, faire du tout ou rien. Tu es sage, c’est bien. Tu as fait une bêtise, tu es puni.

    Maintenant, en grandissant, je sais que la vision catholique n’est pas aussi simple. Le but n’est pas de stigmatiser les gens s’ils se comportent mal.
    Pour te citer : « Je croyais que si on se comportait mal, on le payerait plus tard. »
    Pour moi la religion catholique se base sur l’amour de Dieu pour les hommes et sur le pardon infini de leurs fautes. En gros, on n’est pas parfait (normal on est humain), mais ce n’est pas grave, car Dieu nous aime et est toujours prêt à nous pardonner nos conneries. Du moment que nous reconnaissons nos fautes et que nous demandons pardon. Un peu comme les parents qui pardonnent à leurs enfants à chaque fois que ces derniers font une bêtise et qu’ils demandent pardon.
    Je trouve que c’est quelque chose de très beau, et qui nous permet aussi de lever cette pression de ne pas se sentir parfait, car malgré tout on est aimés de Dieu et de nos proches :)

    Et puis comme tu dis, quand tu fais quelque chose de mal parfois, tu peux être amenée à le regretter, c’est donc bien qu’on a une part de bon en soi, tout comme une part de mauvais ^^
    Je suis d’accord avec ce que dit Aïda, on gagne toujours à être bon envers les autres. À force de se comporter comme une connasse/connard, je pense qu’au delà de risquer la punition matérielle (amende, prison), on se fait surtout du mal à soi. Enfin c’est mon humble avis !
    Désolée, je me suis emballée et mon message était assez orienté, mais je ne cherche à convertir personne, j’apprends aussi à mieux vivre avec ça ^^
    Bonne continuation !

  4. Julia

    Je pense que l’on peut ne pas être croyant, et avoir pourtant de vraies valeurs morales. J’ai personnellement une éthique humaniste. Et je crois même que cela peut être encore plus contraignant, car ce ne sont finalement « que » des règles morales que l’on s’impose à soi-même, personne ne va venir nous taper sur les doigts si on ne les respecte pas, mais ne pas les respecter revient à nous renier. Comme tu le dis, les règles auxquelles on ne croit pas, on ne les respecte pas vraiment. Ce qui bien sûr n’exclut pas les lois extérieures: tout le monde n’a pas une éthique morale, et comme toi je ne crois pas au bien fondé de donner encore des sous à une multinationale, c’est donc bien la peur qui joue… ;)
    Et pour en revenir à « bonne personne/ mauvaise personne », je crois plus aux actions concrètes :)
    En tous cas, c’est un sujet de réflexion passionnant, merci! :)

  5. Adalyne

    Tes posts Mood sont toujours extraordinairement criant de vérité. Perso, ils ont le don de me rassurer car j’ai souvent les mêmes réflexions. En plus, tu trouves toujours les mots justes et c’est très libératoire, ça remets de l’ordre dans les idées! Je pense que de manière générale il faut faire du mieux qu’on peut avec ce que l’on a et essayer de s’améliorer, point. Et en rapport avec ton autre billet mood, tu es bien loin de ne prendre que des gateaux en photo, tu apportes des choses aux gens : réflexion, apaisement, joie, divertissement… il y a des gens avec des métiers dits classiques ou d’avenir qui n’apportent pas autant humainement, loin de là!

  6. Irène

    Super article :)

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